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                                       Extrait

                 Le téléphone sonna. J'étais seule à la maison. Je venais juste

de quitter mon travail et de rentrer. Je décrochai.
-"Allô, dit-il, il devient urgent de changer. Cessez de tergiverser..."
                    Cette voix inconnue, d'homme qui ne s'était pas présenté, et cette phrase insolite, me laissa un instant interdite. Puis je pensai à une conversation interrompue, et reprise, une erreur certainement.
-"Vous vous trompez de numéro" répondis-je.
-"Non, non, je ne me trompe pas, et vous me connaissez parfaitement, mais vous feignez de m'ignorer. Quant à moi, je sais qui vous ETES".
-"Et à qui croyez-vous donc téléphoner ?"
                    Cette insistance commença à m'irriter et à m'inquiéter à la fois.
-"A Marie-Pierre Désormeaux..."
                     Mon nom prononcé par cette voix dont j'ignorais le propriétaire, me fit frissonner. Je ne lui laissai pas le temps de continuer.
-"Qui êtes-vous ?
                    L'homme esquiva ma question et continua:
-" Marie-Pierre Désormeaux, vous ne savez plus très bien où vous en êtes       en ce moment même dans votre vie".
-"Je sais mieux que quiconque..."

                    Il me coupa la parole cinglant :
-"Vous ne savez rien, et avant de raccrocher, écoutez le message que j'ai à vous transmettre. Il se résume en trois mots : CHANGER SANS TERGIVERSER".

 

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                                    L'ÉVEILLEUR

 

Pour son huitième recueil de Poésie Annie Malochet nous entraîne par une étrange Odyssée vers un espace lové dans une époque peut être très ancienne mais à la géographie non identifiée

Ceux-là qui vivaient et s’alanguissaient dans la torpeur de cette île furent sortis de leurs songes par «l’Eveilleur » qui, après sa révélation resta caché mais laissa de sa présence incompréhensible une intense nostalgie car «‘sa nuit’/ fut éclat éblouissant/de lumière ».

Lors d’une longue marche, ils chemineront, pas à pas, ignorant leur destination.

Sans le vouloir, sans le savoir ils marchèrent vers « Lui » ce Centre où « Les messagères/aux griffes d’acier/labouraient et pétrissaient/l’être nu/livré à l’incandescence » mais le voyage, pour autant, n’avait pas encore pris fin…  

 

  

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La vie laser

 

C’est la vie laser,

lumière tranchante

comme un rasoir

qui taille dans nos espoirs,

découpe dans notre futur

des silhouettes

aux angles aigus,

dépouillées des fioritures

de nos illusions.

 

Elle traque nos rêves

les plus fous, les plus ornés,

les plus mensongers

que nous chérissons

tendrement

en notre nuit intérieure.

 

C’est la vie laser

qui travaille nos émotions,

diamant brut

qu’elle arase, meule

pour en jeter derrière nous

les scories,

que nous laissons,

au bord de la révolte,

en pleurant, en criant.

 

Mais le sculpteur inconnu

dans sa joie de créer

oublie l’imperfection

et laisse son œuvre

dans la douleur.

 

 

 

 

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                      La Cité des Plaines

  

La mémoire amasse les souvenirs croyant ainsi retenir le temps, les transformant le plus souvent et n’en présentant que leurs empreintes fossilisées, qu’elle affirme être la réalité.

Néanmoins n’est-ce pas plutôt le temps, songe sans fin, qui se moque de la mémoire ?

Naïr dans ce double jeu retrouvera-t-elle Rujnâ et échappera-t-elle à la boucle du temps qui enserre inexorablement la Cité des Plaines ?...

 

 

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                                                  Extrait

 

                                  Chaleur verte

                                       
Chaleur verte de midi
                                        dans la touffeur éruptive
                                        des feuilles immobiles.
                                        Vert moiré
                                        qui scintille
                                        en ondes nacrées
                                        sous l'haleine imperceptible
                                        de l'alizé qui s'endort.
                                        Vert acide
                                        qui arrache de la torpeur
                                        et fait courir sur la peau
                                        des frissons d'âpre fraîcheur.
                                        Vert flétri
                                        au corps d'insecte
                                        qui s'incline vers le sol
                                        en un ultime sommeil.

                                        L'ombre
                                        aux traits incertains
                                        griffée par le soleil
                                        en fusion
                                        s'oxyde
                                        sur la terre trop lourde.

 

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                         Petite Cantate des Mouettes

 

Annie Malochet vous invite à une promenade à travers lieux et saisons d'une ville : Marseille, ses alentours et plus à l'intérieur encore, sur cette terre de Provence, loin des dépliants touristiques, mais qui toutefois, reste accompagnée du chant assourdissant des cigales, enveloppée de l'odeur sauvage et agreste du thym, du romarin, des pins et de la fragrance miellée et subtile de la lavande et du mimosa.

 

Il neige sur Marseille

 

 

A petits bruits de rien,

en doux soupirs, il neige,

il neige sur les jardins,

il neige sur le Prado,

et les arbres engourdis s’emmitouflent

dans un vêtement

dont l’éclat immaculé

orne le ciel gris

d’une fourrure de fête.

 

Il neige sur Marseille,

alors la ville n’en finit pas

de s’étonner ;

tous ces cristaux ! Tout ce froid !

Le soleil qui ne brille plus,

et les mouettes qui se sont tues.

 

Etrange saison,

qu’elle ne reconnaît pas comme sienne.

Elle, si méridionale

prend des allures de Moscou

ou de Varsovie

qui l’enchantent en secret

avec un brin de peur et de déraison ;

ne va-t-elle pas aussi basculer

vers le grand nord ?

 

Mais elle s’ébroue lentement de son rêve,

ce n’était qu’un petit instant de frimas,

pour se mettre à l’unisson

du temps de l’Avent,

et annoncer la grande fête de Noël.

 

 

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Ile nue 

 

Une île
et son cœur d'eau claire.
Un arc de corail dessiné
à la surface de la mer.
Ebauche de tous les possibles
qui émerge de l'indifférencié,
ou fin d'un rêve qui s'engloutit
dans l'état bienheureux
de l'inconscience marine;
nul ne sait,
mais chacun y dresse son désir
sans que personne ne s'y oppose.

Cristal de l'air,
brisé
par les rhombes vrombissants
des abeilles
que les fleurs offertes
nourrissent
dans le silence et l'immobilité,
tandis que les palmes
rêvent en frémissant,
emportées par les images
nées d'une brise de mer.

Plages roses de coquillages 

plages blanches de corail,    

bordées

par la lumière liquide

d'une émeraude.

Ile nue

où les destins s'abolissent

dans l'absence immaculée,

où s'éveille soudain

la présence

de l'indicible.            

 

                                 

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    La première édition de « Récits de Tahiti » étant épuisée,

 

    une deuxième édition a été publiée par Edilivre, avec 

 

   

    préface du Secrétaire perpétuel de l'Académie des Jeux

 

   

    Floraux de Toulouse  

Polynésie.wmv
Format Vidéo Windows Media 2.7 MB

 

                  

                   Extrait de « Les Géants sous la lune »

 

La pleine lune éclairait la prairie de Tahaa et nimbait les Moais d'une clarté mystique, inhumaine. Et pourtant il participait à cette assemblée de titans, ou plutôt il se sentait admis dans le rang des géants. La lune luisante et pleine brillait d'un éclat bleu d'acier sur l'herbe de la prairie qui frémissait sous le vent venu de la mer. Dans sa lumière, les Moais se dressaient encore plus élancés, plus colossaux vers le ciel et leurs étranges chapeaux noirs de pierre paraissaient se perdre dans les nuages sombres qui parcouraient le ciel au rythme de la brise. Colonnes de pierre, mystérieuses, érigées, on ne sait par qui, elles s'élevaient, le dos tourné à la mer, face à la terre comme pour la protéger. Comme pour protéger l'île du charme de leur simple regard aveugle. Charme rompu depuis longtemps déjà, lorsqu'ils laissèrent l'Ile de Pâques être envahie par des Européens venus de l'autre face du monde. Mais, cette nuit, ils étaient à nouveau, habités de leur pouvoir mystérieux, de ce "Mana" que leur attribuaient les Pascuans qui leur permettait entre autre, selon la légende de se déplacer par leur propre force. Ils officiaient à une antique cérémonie, comme les maître de la nature. Le vent qui courait dans les herbes, la mer qui se brisait sur les rochers et la lune qui appelait les ombres, les réveillaient de leur sommeil. Il s'assit à leurs pieds pour les écouter. Toutes les voix humaines s'étaient tues. Dans la solitude, il pouvait enfin les entendre et communiquer avec eux.

 

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Extrait de  « Drôle de rêve »

 

A ce moment là, il aurait été bien incapable de dire depuis combien de temps, ni pour quelle raison, il se trouvait dans cet endroit. Il était là tout simplement. Devant lui se dressaient deux êtres qu’il n’avait pu tout d’abord identifier ; un corps allongé, des pattes multiples et des ailes qui produisaient d’étranges crissements lorsqu’elles se soulevaient. Ils semblaient provenir de ce long boyau noir, souterrain. Puis soudain, il les reconnut : c’étaient des blattes, en d’autres termes des cancrelats, des cafards, des insectes orthoptères. Ce nom savant lui revenait comme une étrange réminiscence d’un autre temps, d’un autre monde, mais si fugitif, qu’il ne s’y attarda point. L’horreur de la situation était à son comble ! Il se trouvait face à des cancrelats qui avaient la même dimension que lui. Un frisson de terreur ruissela de ses omoplates jusqu’au coccyx. Mais sa frayeur se mua en curiosité lorsqu’il les entendit parler. Il comprenait leur langue, ou bien les blattes parlaient sa langue, il n’eut pas le temps de résoudre ce problème. L’un des insectes s’avança, le regarda de ses yeux globuleux, le toucha de ses antennes poilues, à sa grande répulsion....

 

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MOBILE ET ALIBI

Pierrot a posé
sa plume, il n’écrira plus.

Colombine lui a offert
un mobile,
un appareil
qui tient dans le creux de la main
habillé d’une jaquette grise,
de boutons de métal,
qui d’un clic
le transporte vers l’aimée,
lui ouvre
le plus secret de son jardin,
voix immatérielle
qui se glisse dans son oreille
en vertige enivré.

Téléphone sans fil
dit-elle
mais ses appels
sont comme des cordes de soie
des lassos
qui sifflent
pour mieux le captiver
le capturer
et le ramener vers elle.

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Comme le temps passe vite

 

Et ces enfants

Jouaient au ballon

Sur l’herbe verte de l’été

Qui sentait si bon !

Le bonheur d’être là,

Pour tout, pour un rien :

Le chant du grillon

Dans une haie

Le vol d’un papillon

Au-dessus des coquelicots

Et la journée qui n’en finissait pas de s’étirer

Comme un siècle de mille ans.

Lorsque les enfants se sont éveillés

A l’étroit dans leurs habits trop petits

Parfois il faisait beau

Parfois il pleuvait

Mais dans leur cœur

Ils étaient moins heureux,

Et le temps soudain

Se mit à trotter,

Puis à galoper, tant et tant,

Qu’une année s’écoulait comme un jour.

Les enfants qui ont vieilli trop vite

Sans s’en apercevoir,

Écoutent parfois la stridulation d’un grillon

Contemplent l’or du crépuscule

Mais comme c’est étrange

Plus rien n’est comme avant !  

 

 

            J’écris…

 

J’écris… J’écris,

Pour traquer le mensonge, l’illusion,

Pour retrouver la page blanche

Vierge, immaculée

D’avant le tonnerre des mots

D’avant l’ouragan des pensées

D’avant même la déchirure de la lumière.

J’écris pour débâtir

Les châteaux en trompe-l’œil,

Ceux que j’ai pris pour ma demeure

Lorsque je ne comprenais pas

Que je n’avais rien à choisir.

J’écris pour me consoler

De mes vaines espérances

Pour apaiser la douleur insatiable

De mon insondable ignorance.

J’écris dans un geste lent,

Sans plume,

Pour apprivoiser le silence

Et écouter la vie.

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                                  Extrait de « Le Tamarinier »

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 Mais, de jour en jour, ses méditations sous l’arbre se font de plus en plus longues. Elle est maintenant certaine qu’un contact s’est établi entre elle et le tamarinier. Elle comprend de mieux en mieux cette immobilité et s’imprègne des images, tout en sensations lentes, que l’arbre lui transmet. Cette communication est si réelle qu’elle en ressent une grande joie et la conviction intime que le tamarinier a enfin appréhendé son désir, son besoin irrésistible dont l’origine lui échappe totalement.

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Pêcheur solitaire

 

-Pêcheur solitaire

                                      Assis au bord de la corniche

                                      Que ramènes-tu

                                      Au bout de ta ligne ?

                                      

                                     -Tu vas rire peut-être :

                                      Aucun poisson !

                                      Je pêche mes propres songes

                                      Cachés entre les rochers

                                      Sous l’écume de la mer,

                                      Et puis aussi la nuit

                                      Dans la transparence de sa clarté

                                      Je ramasse au bout de l’hameçon

                                      Les reflets multicolores

                                      Des lumières de la ville

                                      Qui viennent de l’autre rivage

                                      Ainsi que des quartiers de lune scintillants

                                      Flottant sur les vagues.

                                      Je range précieusement

                                      Cette récolte

                                      Dans ma boîte aux trésors,

                                      J’y ajoute en plus :

                                      L’humeur fraîche du vent

                                      L’odeur iodée du large

                                      Le feu des étoiles,

                                      Ces inoubliables cadeaux

                                      Me parlent dans l’instant même

                                      Et m’emplissent d’une joie tranquille.

                                      

Le silence

                                      M’a rendu très riche.

                                      Ici, l’espace et le temps m’appartiennent

                                      Et je vais dans mes rêves

                                      Comme en d’innombrables voyages.

 

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Note de l’auteur-1

Ce conte-roman « Les rivages incertains du temps » a obtenu une médaille d’argent en 2010 à l’Académie des Sciences, Lettres et Arts d’Arras (sur manuscrit).

Voici en résumé ce qu’en dit le jury du concours de prose :

« Ce voyage initiatique, avec ses luttes, ses obstacles, ses épreuves est bien imaginé et conduit jusqu’à la fin avec le même souffle et des images poétiques originales. Ce considérable ouvrage “d’heroïc fantasy” comme disent les Anglosaxons, se voit attribuer par le jury une médaille d’argent »

 

Note de l’auteur-2

Ce conte roman évoque curieusement des sujets qui sont d’actualité, alors qu’ils ne l’étaient pas il y a trois décennies environ lorsque j’ai imaginé et écrit cet ouvrage, notamment les thèmes de l’identité, de l’intégration, du port du voile pour les femmes, des jeux de rôle, mais évidemment la société dans laquelle va être entraînée l’héroïne par une étrange et incompréhensible torsion du temps est de façon surprenante, à la fois différente et semblable à celle qu’elle connaissait et à celles qui existent actuellement de par le monde…

Par ailleurs, le temps n’est peut-être pas ce que l’on croit et il se pourrait que des univers avec des temps différents coexistent dans un même ensemble. Et qui pourrait dire que le temps de la pensée est le même que celui du corps physique ?

 

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     Leurs mains

 

Et leurs mains se rencontrèrent

Loin de ces corridors d’absence

Que le temps bâtit dans la mémoire.

Elles eurent vive reconnaissance

Dès leurs effleurements,

Leurs caresses.

Dans leurs paumes réunies,

Précieux tabernacle

Elles déposèrent

L’inestimable trésor.

De leurs doigts habiles

Tissèrent mille filets de bonheur

Avec des éclats de soleil,

Des reflets de lune et d’étoiles

Et l’obscurité devint lumière.

Mais, on ne sait qui,

Par ruse, par haine,

Par inconscience,

Implacable mystère,

Défit leur étreinte.

Depuis lors

Dans le désarroi

Leurs mains tremblantes

Ivres de douleur, recrues d’attente

Se cherchent avec désespoir

En ces longs corridors

Que le temps bâtit sans cesse

Où pleure l’infinie souffrance

De l’absence.

 

 

 

En Norvège

 

Au-dessus des fjords,

Des nappes de nuages,

En traîne, en voile.

Des montagnes si hautes,

Comme les genoux pliés

Des cyclopes.

Des prairies habillées

De vertes lumières,

Où sont posées,

Minuscules jouets

Les maisons rouges et ocre

Des hommes.

Points blancs

Au ciel qui virevoltent ;

Autant de mouettes

Bavardes,

Dans le silence

Aux vibrations infinies

D’une sérénité

A l’aurore de la terre.

 

 

 

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Extrait de « Labyrinthe de Monsieur Dédale » dans « Les enfants du

Pouvoir »

 

– Ah ça ! Je vous y prends ! Qu’est-ce que je vous avais dit tout à l’heure ? C’est pas encore effacé cette cochonnerie ! Toi, Louis, viens ici !

Paul courageusement riposta.

– II ne peut pas t’entendre P’pa. Il est à l’intérieur du labyrinthe, mais bientôt il va en ressortir de 1’autre côté.

– Qu’est-ce que tu chantes ? Tu vas voir, je vais le chercher.

– Non P’pa, n’y vas pas comme ça ! Avant d’entrer il faut que les paroles magiques aient été prononcées ! C’est toute une cérémonie, sinon…

– Sinon quoi ? Antoine Dédale rougit de contrariété ;

– Sinon tu risques de te perdre et de rencontrer…

– Qui ? Quoi ? »

        Le monstre… Celui qui habite au coeur du labyrinthe et qui garde le trésor sacré !

 

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Couronnée

D’ellébore et de romarin

Elle marche sans répit

Au funeste pays

De buis et de joncs.

Forêts profondes du Septentrion,

Chemins de labyrinthe

Où ses pas

Vont d’errance en errance

Sans retenir

Le nom de leur destination.

 

Pays d’exil,

Exil de soi,

Dénuement du sol 

Racines délavées

Au sel de l’oubli.

 

Chaos ou désert,

Elle ne sait.

Elle vit chaque jour

En mourant,

En quête d’un royaume perdu.

 

Extrait de "L'exil de la reine"
 

 

 

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La Brèche et le Serpent

ou

L’Impermanence

 

  En tant qu’êtres incarnés, nous les humains n’échappons pas au temps qui s’écoule sans nous demander notre autorisation quels que soient notre avis, notre comportement à son égard. Dans sa course, je dirais même dans sa danse, il nous entraîne bon gré, mal gré dans des situations toujours changeantes car il est l’impermanence même. Dans ce poème il s’agit de l’éveil d’une conscience à cette réalité, que nous percevons la plupart du temps de façon mentale uniquement et non avec la totalité de l’être

 


Longtemps j’ai dormi…

 

Au jardin d’Eden,

Longtemps j’ai dormi,

Emerveillé

Par le bruissement voluptueux

De ses arbres

Aux cimes infinies.

 

Mes jours s’ouvraient

Comme pétales de rose,

D’une douceur moelleuse,

Et je m’enivrais

De leur parfum

Troublant et énigmatique.

 

Pour la fleur qui se fanait,

L’oiseau terrassé au sol,

Le papillon aux ailes crucifiées

Par l’épine,

Pour l’amour qui fuyait

Derrière les taillis,

Il n’y avait pas de douleur ;

Une simple torpeur

Bercée par l’oubli.

 

Je vivais sur ses coteaux ensoleillés

Pris au filet de sa lumière.

J’ignorais la nuit et ses ombres.

Les yeux grands ouverts,

Le cœur en bouton serré,

J’ai dormi trop longtemps

Au  jardin  d’Eden.

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Recueil de Nouvelles qui à obtenu une médaille d'or à l'Académie d'Arras en juin 2017

                             Extrait

                     La fille du mur

    Je ne peux pas l’oublier... Surtout aux dates anniversaire.

    C’était il y a cinquante ans... Certains vous diront

    qu’au bout de tant d’années, on finit par oublier... Oui,

    mais moi, je ne peux pas, je ne sais pas.

    Chaque détail me revient en mémoire lorsque je retourne à

    ces instants... Instants magiques qui ont transfiguré ma

    vie, l’ont changée, l’ont bouleversée, l’ont aussi assombrie,

    totalement... Si seulement j’avais été lors de cet instant

    plus vigilant... Si je lui avais demandé son adresse exacte et

    son nom... Mais j’étais tellement ébloui que je n’étais pas

    en mesure d’assembler des indices, des repères pour le

    futur tant j’étais plongé dans un état de joie, je dirais même

    de félicité, mais de cette félicité active qui me faisait danser

    intérieurement……..

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L’orange pressée


Depuis que sa compagne
L’avait quittée
Arrachée de leur branche
Par des inconnus
L’orange pressée
D’en finir
Se faisait ronde et juteuse
Se parait de couleurs semblables
À celles d’un couchant d’incendie
Annonçant un lendemain de grand vent.
Des mains la cueillirent
La mirent dans un panier
Avec bien d’autres
Et la jetèrent… Dans une centrifugeuse.
Son jus en entier extrait
Elle resta exsangue
La peau sur le zeste
Sans ménagement fut jetée à la poubelle.
C’est ainsi qu’elle termina sa vie
Orange pressée
D’en finir.

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  Une consultante


Roi de coeur
Et sept de carreau
Un homme qui vous aime
Est en voyage
Je le vois dans ma boule de cristal
Galoper sur un cheval
Non, on me dit une jument
Il file comme s’il avait…
S’il avait, la police à ses trousses…
Oui, c’est bien lui mon mari
Évadé de prison
Il est en cavale
Mais je le verrais plutôt
En voiture qu’à cheval.
C’est un symbole Madame
Je vois en symbole…
Ah ! S’il ne peut pas faire autrement
À cheval ou en symbole,
L’essentiel
Est qu’il échappe à ses poursuivants.

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Décharge, poubelles, ordures, déchets, détritus, autant de noms rattachés à ce que les humains jettent et considèrent comme impropres et inutiles à leur consommation. Mais, partis de si bas,  les personnages de cette comédie  ont tout de même pu se hisser au sommet de leur carrière. Comme quoi l’inutile peut-être  un terreau utile. Du moins, un  ferment de l’invisible, en certaines circonstances  et suivant les modes de la société. Une pièce de théâtre en cinq actes, déjantée, burlesque et loufoque, qui peut se lire comme une nouvelle.

 

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Dans ce nouveau recueil l’auteur va vers l’invisible : ce qui ne peut être perçu par nos cinq sens ordinaires de Terrien. La Science Physique à ce jour en vigueur a dénombré, calibré, calculé, cerné de nombreux paramètres, mais depuis un siècle la Science Physique s’est engagée vers un domaine jusqu’alors inconnu dénommé maintenant « Physique quantique » en étudiant le microcosme qui bouleverse les connaissances actuelles. L’invisible peut être révélé par  des lois qui défient ce que nous connaissons, dans une logique qui ne nous est pas habituelle même scientifiquement parlant :   un corpuscule par exemple peut être à la fois mort et vivant…L’auteure qui n’a pas une formation scientifique n’ira pas plus loin, elle reste elle-même dans une grande perplexité se contentant de s’interroger sur « l’infime, le rien et le silence »….

 

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Annie Malochet

J'habite au 6 de l'avenue

Annie Malochet est née dans le lointain Vietnam et y a vécu jusqu’à l’âge de dix-neuf ans.  À l’âge Adulte pour des raisons professionnelles mais aussi touristiques elle a sillonné le globe : Martinique…Tahiti…Depuis quelques années elle s’est néanmoins « posée » à Marseille où elle demeure maintenant. À ce jour, elle a publié vingt-neuf ouvrages dont dix-huit de poésie. L’auteure est lauréate de quatre Académies en prose comme en poésie : Jeux Floraux de Toulouse, Arras (Médaille d’or en juin 2017) Lyon et Marseille ainsi que de cercles littéraires comme la Société des Poètes Français, Les Écrivains Roussillonnais,  la Société des Poètes et Artistes de France, les amis de Maurice Rollinat  dont elle a été lauréate en novembre 2017.

 

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     Le dernier poète

 

Quand le dernier poète mourra,

 

Les étoiles pleureront

 

Des larmes de poussière

 

Et s’éteindront une à une

 

Couvertes de l’oubli.

 

La lune fraîche et belle

 

Se fardera

 

Des couleurs irisées

 

Des prostituées

 

Et dans un rire dément

 

Se disloquera

 

En des ruisseaux de sang

 

Dans les cœurs à vif.

 

Quand le dernier poète

 

Mourra,

 

Les fleurs

 

Perdront leurs couleurs

 

Et se faneront

 

Avant même d’éclore

 

Et jamais plus

 

Nous n’en connaîtrons

 

Leur parfum.

 

Et dans tes yeux,

 

L’amour,

 

Ce grand lac d’eau claire

 

Se desséchera.

 

Quand le dernier poète

 

Mourra

 

Que deviendrai-je alors ?

 

Alors…

 

Avant que le dernier poète

 

Ne meure

 

J’irai dérober

 

Dans son regard

 

La flamme

 

Qui éclaire le monde

 

Et j’embraserai la terre

 

Avec cette dernière braise.