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A

près Petite cantate des mouettes (2008), la poétesse s'est replongée dans l'évocation poétique de Marseille. Annie Malochet nous livre ainsi un deuxième recueil sur la cité phocéenne, son dix-neuvième ouvrage, Fugue pour cornes de brume, vagues et mouettes qui vient de paraître, au mois de mai, aux Éditions Édilivre Aparis.

Plus fantaisiste, l'auteur personnalise certains monuments marseillais et n'hésite pas à glisser, en fin de poèmes, quelques anecdotes historiques. « Ce recueil n'est pas un guide touristique (…) j'ai voulu néanmoins donner aux lecteurs qui ne connaissent pas Marseille quelques informations complémentaires sur certains sites, bâtiments ou autres évoqués dans mes poèmes. » Du Vieux Port au vieux fort, en passant par la Corniche (corps niché?), le marché enchanté, la Bonne Mère, le "Pouce" de César, l'Alcazar et autres lumières citadines, Annie Malochet nous transporte à travers sa perception d'une ville que l'on regardera forcément autrement après la lecture de ces vers (lire ci-dessous).

L'écrivain propose une lecture poétique (avec photos et musique) le jeudi 9 juin, à 17h, à la Maison de la Corse, dans le cadre du club de poésie Constantin Castéropoulos, présidé par Jehan Armagnac. Accompagnée par Annie-Claire Giudicelli et Roger Christofol, Annie Malochet partagera des poèmes de son recueil Celle qui changea de nom, évocation de ses souvenirs du Vietnam, où elle a vécu jusqu'à ses 19 ans. «Je raconte un pays en guerre, le mélange des religions, les impressions d'une époque... »

Son parcours professionnel l'a d'ailleurs amenée à séjourner aussi aux Antilles puis à Tahiti. Elle s'est ainsi immergée dans des cultures, mentalités et civilisations différentes, une richesse qui nourrit sa poésie. Comme le souligne Jehan Armagnac dans la préface du dernier livre paru de l'auteur, "la découverte des richesses de tous ces lieux parcourus qu'elle s’approprie fort aisément révèle une imagination intense et une sensibilité à fleur de peau (...) Dans ce nouvel ouvrage, elle célèbre la magie de Massalia, sa ville d'adoption »

Sabrina Testa

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Pêcheur solitaire

 

 

-Pêcheur solitaire

Assis au bord de la corniche

Que ramènes-tu

Au bout de ta ligne ?

 

-Tu vas rire peut-être :

Aucun poisson !

Je pêche mes propres songes

Cachés entre les rochers

Sous l’écume de la mer,

Et puis aussi la nuit

Dans la transparence de sa clarté

Je ramasse au bout de l’hameçon

Les reflets multicolores

Des lumières de la ville

Qui viennent de l’autre rivage

Ainsi que des quartiers de lune scintillants

Flottant sur les vagues.

Je range précieusement

Cette récolte

Dans ma boîte aux trésors,

J’y ajoute en plus :

L’humeur fraîche du vent

L’odeur iodée du large

Le feu des étoiles :

Ces inoubliables cadeaux

Me parlent dans l’instant même

Et m’emplissent d’une joie tranquille.

 

Le silence

M’a rendu très riche.

Ici, l’espace et le temps m’appartiennent

Et je vais dans mes rêves

Comme en d’innombrables voyages

 

 

 

A poète insolent

Poèmes insolites

 

                                   Opéra : Vue du Pharo en 4 tableaux

                                   Opéra le plus court de l’histoire de la Musique

 

I-Vue du Pharo : Lyrique urbain marin et contemporain

Récitatif sans emphase

C’est un jour

De pleine lumière

Porté sur les ailes des mouettes,

Ruisselantes de clarté.

Et la mer dans un galop de liberté

Qui va au loin

Rejoindre l’horizon.

 

Vue du Pharo

L’entrée du Vieux Port

D’un bleu tissé des profondeurs marines

Laisse clapoter

Des vaguelettes

Echappées des tempêtes du large.

 

 

II-vue du Pharo : Lyrique urbain, sensoriel

Moderato allant et tous les sens en éveil

Le soleil a une odeur de friture,

Le jardin est un alphabet

Lettres vermeilles au goût de fenouil

Craquement subtil de gaufre

Des branches de pins et de tamaris.

 

« J’ai faim !»

Crie la mouette

« Il est midi » répond la basse

D’une sirène de bateau.

 

 

III Vue du Pharo : Aria des douceurs et sucreries

Allegreto sautillant et gourmet

En contrepoint, au-delà des quais

Une ville de soleil et de vent.

S’étagent des bâtiments

En devanture de pâtisserie

Mille feuilles du Fort Saint Jean

Qui surveille d’un œil

Par habitude les embarcations,

Recru d’âge, il somnole le plus souvent.

En pain d’épice, miel et cannelle

L’Abbaye Saint Victor

Revendique son long passé.

Notre Dame de la Garde

Elancée vers le ciel

Point ultime d’une pièce montée de communion

Brillant de tous ses ors renouvelés.

Et puis la Canebière, en face

Long ruban de réglisse

Jusqu’aux deux façades des Réformés.

Au nord, celui qui a perdu son église

Le clocher des Accoules

Travaillé en dragées aux amandes et au chocolat

Œuvre de la chocolatière du panier.

La cathédrale, biscuit praliné

Flanquée de la Vieille Major

Petit baba coulant, admirable, tassé

Sur tous ses souvenirs.

 

Et le soleil en sucre d’orge

Et les meringues, nuages au ciel.

 

 

IV- Vue du Pharo : mélodie : faim et solitude

Adagio avec retenue et mélancolie

La solitude est une grande faim

Béante, avide,

La femme seule essaie de la combler

En mangeant son sandwich

Puis elle s’allonge sur la pelouse aux mille fleurs.

 

Emportée de plus en plus rapidement

Dans le tourbillon de l’ivresse terrestre

Caressée par les doux soupirs de l’air

Offerte à la chaleur du soleil

La femme, si triste auparavant

Accompagnée de l’ineffable beauté

D’un orchestre de lumière, 

La femme, dans l’exaltation

D’un jour de printemps

En soupirant d’aise,

Oublie sa faim

Oublie un moment, sa solitude.

 

Annie Malochet

 

"Fugue pour cornes de brume

vagues et mouettes"

 

Le Pharo est un palais qui a été construit pour l’impératrice Eugénie qui ne l’a d’ailleurs jamais habité, il est entouré d’un vaste jardin et surplombe l’entrée du Vieux Port. Le site en est splendide.

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Revue Phœnix

Septembre 2012 N° 7

Rubrique « Lectures »

Par André Ughetto Rédacteur en chef de la Revue Phoenix

 

 

Annie Malochet, L'Éveilleur, Edilivre.com.

 

C'est d'une œuvre poétique assez considérable en nombre que je voudrais parler (à ce jour treize ou quatorze «petits» livres sont parus), en même temps que d'un recueil qui a particulièrement fixé mon attention.

La pratique de l'éveil, Annie Malochet la connaît, pour être née au Vietnam et y avoir vécu jusqu'à l'âge de 19 ans. Une sagesse tout asiatique se fait jour et unifie la diversité de ses poèmes parmi lesquels des impressions de voyage très variées, la découverte d'une ville (par exemple Marseille dans sa très suggestive Fugue pour cornes de brume, vagues et mouettes) et telles méditations sur les aléas du destin à l'époque du téléphone portable (Mobile et Alibi) ne cessent d'interroger ses propres capacités de bonheur ou, plus généralement, les aptitudes de notre humaine engeance à le vouloir comme à le détruire. Puisque je ne peux citer en entier ses «Actes de bravoure» qui m'ont tellement réjoui (dans Mobile et Alibi), je souhaiterais que l'on mesure la double dose de tendresse et d'ironie que distille cette poésie (loin de toute mode et de toute «pose ») à travers cette courte pièce intitulée «Voix éteinte»: «Rends-moi mon mobile./ Ma voix pour toi/ s'est éteinte./ J'ai roulé son fil d'or/ autour de l'appareil./ Ce n'est plus qu'une pelote/ qui grelotte/ du tricot défait/ de notre amour défunt. »

Le poème d'Annie Malochet est tenté par l'anecdote signifiante et par le récit: L’Éveilleur est l'un d'eux. Conte fantastique et initiatique, il déploie une imagerie dont l'origine orientale ne paraît pas douteuse, mais qui s'abstient de pittoresque facile et convenu. Surtout c'est d'avoir conservé, sans le dissiper, le mystère attaché à la nature même de l'« éveilleur », que la suite poétique tire sa force. Entraperçue, présupposée, représentée comme lumière symbolique, la «Transcendance» joue son rôle comme ressort de création mais sans prétendre désigner de sommet à atteindre autrement qu'en soi, lorsque «l'âme duelle» retrouve son  «intégrité» dans la conciliation des principes qui la divisaient.

 

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Annie Malochet Terres embrasées Edilivre classique 2012. Les quarante-deux beaux poèmes qui constituent Terres embrasées, quatorzième recueil d’Annie Malochet rappellent que le visible n’est autre que le reflet de l’invisible. Une quête initiatique de la grande maturité littéraire et spirituelle de son auteur qui propose de goûter les prémices d’un bonheur qui est là où pourtant nous ne sommes pas.

 

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    Dimanche 19 novembre 2017

    Publié le 22/11/2017

 

 

Les Amis de Maurice Rollinat n’ont pas eu une seconde à eux, ce week-end. Tous se sont notamment retrouvés pour l’assemblée générale de l’association.
La rencontre a débuté samedi par une soirée poétique centrée sur Maurice Rollinat et une causerie animée par Pierre Brunaud. Mais aussi une conférence animée avec brio par la présidente des Amis de Maurice Rollinat, Catherine Réault-Crosnier.
Dimanche matin, salle Charles-Brillaud, place à bon moment musical, artistique et littéraire avec Michel Caçao, à la guitare, ainsi qu’une exposition « rollinatienne » de revues, de livres de Pierre Brunaud et d’autres adhérents.
L’après-midi, après l’assemblée générale, Mary McDonnel a donné une conférence sur La Poésie de Rollinat et l’art de Detroy : une tache d’encre et une touche de couleur, dans laquelle elle a associé la poésie de Maurice Rollinat à l’art de Léon Detroy.
Comme chaque année, les prix de poésie classique et libre ont été remis par le président du jury, François Lacore. Le prix de poésie classique a été attribué à Marie-France Cunin, de Troyes, pour son poème La Terre au fond des yeux. Le prix de poésie libre a été remis à Annie Malochet, de Marseille, pour Les Lignes impermanentes du bonheur.